· 

Clarence, mon éternel

On me demande souvent combien j’ai d’enfants, une question banale en apparence mais pas pour moi....

Si je vous dis 3 mais 2, ça n’est pas clair n’est-ce pas ?

Alors  laissez moi vous raconter l’histoire de Clarence

 

 

MFIU, quatre lettres au pouvoir destructeur. Si vous ne les connaissez pas, tant mieux mais si ça vous parle alors j’espère que vous serez touchés par mes mots. Je me suis rendue compte que certains sujets sont tabous parce que très peu de monde ose en parler. Je ne veux pas que mon fils soit un tabou, je ne veux pas être gênée d'en parler.

 

J’ai décidé de vous partager mon vécu et de m’ouvrir à vous. 2014 j’ai appris que j’étais enceinte, c’était ma première grossesse, j’ai découvert la joie de voir son corps abriter un petit être, la joie de voir son ventre grossir au fur et à mesure des mois et la hâte de devenir maman. Les 8 mois se sont déroulés à une vitesse ponctué seulement par les échographies et les prises de sang.

 

Mon petit bébé n’allait pas être très gros mais se portait bien, j’avais un diabète gestationnel mais qui n’influençait pas sur son poids. J’étais tellement heureuse, tellement épanouie, je pense m’être sentie femme réellement grâce à cette grossesse. J’étais heureuse d’arriver à la fin de mon huitième mois, hésitante à préparer ma valise j’avais commencé à laver toutes ces minis body, pyjama.... Nous étions prêts, il ne manquait plus que lui !

 

2 fois par semaine, j’avais le droit à un monitoring. Habituée à cette routine, je n’ai pas prêté attention à la sage-femme et son air paniqué, je n’ai pas voulu comprendre pourquoi on avait rien sur le capteur.... À ce moment-là, je me suis auto-persuadée que tout allait bien, ça ne pouvait être qu’un soucis technique. Appel au samu, me voilà en route pour l’hôpital, histoire de confirmer que tout allait bien, parce qu’il ne pouvait en être autrement !

 

Une infirmière m’accueille avec un grand sourire, me rassure et me conduit dans une salle d’échographie. Son sourire se fige après quelques aller-retour sur mon ventre.... J’avais compris mais je ne le voulais pas... elle est sortie chercher un médecin, et en une phrase il m’a brisée en morceaux : Je suis désolée, son cœur s’est arrêté.

 

J’ai entendu un cri, un hurlement... Le mien je suppose, impossible de savoir, je n’étais que douleur. A cet instant précis, ma vie s’était arrêté en même temps que ces mots. Ma seule lumière a ce moment-là, la main de mon mari dans la mienne, sa voix qui m’aidait à ne pas sombrer dans cette folie.

 

On nous a laissé encaisser le choc mais il a fallu ensuite faire face à pire : l’accoucher, le sortir... Impossible de dire que je devais donner naissance. Car naissance rime avec naître et naître avec vie. Il était à la fois mon enfant et à la fois un intrus....

Puis tel le pansement qu’on arrache d’une traite, je voulais en finir et tourner la page. Mais pour ça il nous restait encore des étapes douloureuses :

Appeler nos proches et leur dire. Entendre leur désespoir, leur tristesse et leur incompréhension est la pire des souffrances que j’ai vécu.

 

2 jours, 48 heures... le temps que le cachet agisse, ce cachet censé faire comprendre à mon corps que c’est la fin, qu’il faut déclencher le travail. 2 jours à éviter de baisser mon regard sur un ventre qui détenait la mort. Prendre ses affaires pour l’hôpital sachant qu’on ne souhaiterait pas la bienvenue à notre fils mais qu’on lui ferait nos adieux...

Pousser, encore et encore pour n’entendre qu’un silence, aucun cri juste le silence. Puis entendre des pleurs, ceux de la salle d’accouchement d’à côté. Éclater en sanglots face à ce que je n’ai pas eu la chance d’entendre.

 

Devoir le serrer dans mes bras, essayer de déterminer ses traits, les graver dans mon cœur, le remercier pour ce temps passé ensemble, l’aimer à jamais et finir par lui dire adieu.

 

Sortir de l’hôpital, faire son deuil puis s’en vouloir, se détester ne pas l’avoir compris plus tôt, se sentir trahie par son propre corps. En colère, blessée puis continuer à faire son deuil chaque jour.

 

Finir par se dire que c’était une magnifique histoire d’amour entre une mère et son enfant, que ces mois passés ensemble avaient été un privilège. Clarence était mon bébé étoile filante, il a semé du bonheur à toute allure pour aller rejoindre les étoiles.

 

3 mois après, un test de grossesse à la main, la vie s’était à nouveau nichée dans mon cœur et mon ventre.... Et 2 ans après encore un garçon...

 

 

Comme le dit très bien Virginie Grimaldi : 

Ce n’est pas parce que ça ne finit pas comme on le veut que ça finit mal.

Écrire commentaire

Commentaires: 0